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Le 26/12/2004, nous vous informions : |
Les autistes se font couper les vivres au zoo de Pont-Scorff
Une structure pour l'insertion de jeunes menacée de fermeture, faute de crédits.
quelques kilomètres de Lorient (Morbihan), dans un zoo où les panthères se prélassent sous les cris des cacatoès tandis qu'un peu plus loin vaque une girafe, se niche une structure unique en France : le Chalet. Dépendant de l'AIPSH (Association pour l'insertion professionnelle et sociale des handicapés) de Lorient, cette petite structure a pour mission l'insertion de jeunes adultes atteints du syndrome d'Asperger, une forme très particulière d'autisme (1), une maladie dont la prise en charge éducative s'arrête au mieux au niveau scolaire.
Ainsi, tous les jours, Thomas, Laurent ou Marie, en dépit de leurs troubles relationnels et de leurs difficultés à s'organiser hors d'un cadre rempli de repères, se retrouvent pour préparer la nourriture destinée aux fauves ou nettoyer l'enclos des rhinocéros. A moins qu'ils ne soient embauchés à la fabrique de confiserie qui dépend aussi du Chalet. Pour chaque poste de travail, tout est écrit : il y a une fiche qui détaille avec précision les tâches successives à accomplir, de la pesée des légumes au découpage des fruits et autres denrées alimentaires.
Organisation. Depuis 1999, cela marche plutôt bien. En partenariat avec le zoo de Pont Scorff, le Chalet et son équipe de dix professionnels (éducateurs, psychologue, secrétaire, etc.) font ainsi fonctionner un CAT (centre d'aide par le travail) de quinze places. Auquel s'ajoutent dix places en formation et un service d'aide aux jeunes autistes, qui sont logés dans un foyer de jeunes travailleurs de Lorient.
Un dispositif qui fait référence puisqu'il n'a aucun équivalent dans l'Hexagone. Sa pérennité est pourtant, aujourd'hui, menacée. En effet, début décembre, l'Agefiph l'organisme chargé de redistribuer des fonds collectés auprès des entreprises pour l'insertion professionnelle des personnes handicapés a annoncé qu'elle ne pourrait plus financer le Chalet. Un coup dur puisqu'elle prenait en charge jusqu'à présent 50 % du budget nécessaire à la formation (360 000 euros par an).
«Si cette partie de notre activité disparaît, comment poursuivre ? C'est tout le dispositif qui va être fragilisé et ne pourra plus à terme fonctionner normalement», souligne Pierre Le Hunsec, directeur du Chalet. Cette disparition des crédits est d'autant plus dommageable que le conseil régional venait tout juste de donner son accord pour le financement des autres 50 % de la formation tout en rémunérant les stagiaires.
Licenciements. «Alors que la structure fonctionnait encore sur un mode expérimental, elle allait enfin accéder à un statut et à un cadre juridique plus stable. Et voilà que tout est remis en question», s'inquiète Pierre Le Hunsec. La conséquence de cette défection est en tout cas immédiate, avec un risque de licenciement des cinq membres de l'équipe affectés à la formation. De son côté, l'Agefiph Bretagne justifie sa décision par un «rééquilibrage» des fonds au niveau national qui limite les crédits dont elle disposait jusqu'à présent.
«Dès le départ, le Chalet savait que notre aide s'inscrivait dans un programme expérimental exceptionnel qui n'était pas destiné à durer, ajoute François Massolo, délégué régional de l'Agefiph. D'autre part, notre mission est d'abord l'aide à l'emploi des handicapés en milieu ordinaire, ce qui n'est pas le cas avec le Chalet où l'insertion se fait en milieu protégé.» Un argument contesté par Pierre Le Hunsec, qui rappelle que quatre jeunes suivis par le Chalet ont trouvé un emploi comme agents de collectivité, et un autre comme employé dans un élevage porcin.
Mais le directeur du Chalet ne désespère pas. Si l'Agefiph ne peut plus financer la structure, peut-être pourra-t-elle bénéficier de l'aide du ministère de la Santé. Le ministre Philippe Douste-Blazy n'a-t-il pas annoncé, le 24 novembre , des moyens supplémentaires en faveur des autistes ?
(1) Le syndrome d'Asperger est aussi qualifié d'«autisme de haut niveau», en référence aux bonnes capacités intellectuelles et d'apprentissage des personnes qui en sont atteintes
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